Arrêtez de chercher votre passion, passez plutôt à l’action
« Vivre de sa passion », le rêve de toute une génération.
Grâce aux réseaux sociaux, ce rêve est aujourd’hui accessible à de nombreuses personnes.
Que ce soit sur YouTube, Twitch ou Instagram, les exemples foisonnent et même les passions les plus singulières semblent trouver leur audience.
Le problème, c’est que ces mêmes réseaux nous cachent à quel point il peut être difficile de vivre d’une passion.
Si l’on en croit le discours de nombreux influenceurs, tout parait facile du moment qu’on y croit et qu’on se lance.
Ce qu’on oublie souvent, c’est que le succès de ces créateurs est la conséquence de longues années de pratiques répétitives.
Un passionné de musique ne deviendra pas violoniste professionnel sans investir son temps dans des milliers d’heures de répétition (10 000 heures de pratique d’après le chercheur Anders K. Ericsson).[1]
À cause des réseaux, notre culture a créé un amalgame entre passion et succès.
Les réseaux nous font penser que le succès doit être immédiat, que si l’on échoue, c’est que notre passion n’est pas assez forte.
Et c’est ça qui nous empêche d’agir.
J’appelle ça le paradoxe de la passion.
Le paradoxe de la passion est complètement illogique et fondé sur notre peur d’échouer.
En plus de ça, ce paradoxe déclenche un cercle vicieux qui amplifie l’inaction.
La moindre difficulté nous fait douter.
On se convainc alors que notre passion n’est pas réelle, ou en tout cas, pas assez forte pour être partagée.
On rumine intérieurement, frustré par cette inaction qui nous dévore.
On finit par baisser les bras en préférant vivre notre passion à travers celle des autres…
Pour moi, le problème est simple : on se fait une fausse idée de ce qu’est vraiment une passion.

Le mirage de la passion
J’ai longtemps pensé que je n’avais aucune passion.
Je suis très (trop ?) curieux, du coup je m’intéresse à des tonnes de sujets.
Mais je n’ai jamais été passionné au point de tout laisser tomber pour me plonger corps et âme dans un seul sujet.
Pourtant, j’ai développé au fil du temps des passions qui sont aujourd’hui une part entière de ma vie (l’écriture en est une).
Mais je ne me suis pas réveillé un matin en me disant que c’était LA passion qui allait tout changer.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que pour beaucoup d’entre nous, la passion n’est pas innée.
La passion est plutôt une conséquence de nos actions.
Pour combattre le paradoxe de la passion, il faut donc passer à l’action.
Le cercle vertueux de l’action
La passion nait de l’action.
Sans action, il est impossible de développer une réelle passion puisqu’il est impossible de savoir si l’on aime réellement cette activité.
Sans action, on peut éprouver un intérêt, mais pas une passion.
Ça parait logique, mais c’est pourtant là que réside le problème.
Passer à l’action déclenche une réaction en chaîne qui peut transformer un intérêt en une passion.
Le cercle vertueux de l’action fonctionne de la manière suivante :
- Découverte : passer à l’action nous permet de tester notre intérêt
- Répétition : à force de pratiquer, on augmente la quantité produite (pour un passionné d’écriture, il s’agit par exemple du nombre de mots écrits)
- Expertise : plus le temps passe et plus notre pratique s’améliore. La quantité mène à la qualité.
- Motivation : nos efforts finissent par payer et la qualité de notre travail génère de la motivation
- Passion : notre motivation se transforme en passion qui en retour nous pousse à l’action entrainant ainsi le cercle vertueux dans un nouveau cycle !

La seule manière de sortir du paradoxe de la passion, c’est de se lancer.
Mais pour cela, pas besoin de tout plaquer.
4 étapes pour découvrir sa passion
Le confinement lié à la pandémie de COVID a eu un effet inattendu.
Poussées par l’ennui et la déconnexion sociale, de nombreuses personnes ont consacré leur temps à une passion jusqu’alors ignorée.
De 2020 à 2022, l’économie des créateurs a connu une explosion phénoménale, qui a même poussé à la « Grande démission » observée un peu partout dans le monde.
En l’absence de barrières (comme la peur de l’échec ou la pression sociale), ces personnes sont passées à l’action et ont pu tester leur passion.
En gros, quand on n’a rien à perdre et qu’on s’ennuie, il est plus facile de se lancer !
Si vous hésitez encore, voici une méthode simple pour passer à l’action sans prendre de risque :
1. Lister ses passions
La première étape est simple : lister tous les centres d’intérêt qui vous viennent à l’esprit.
N’hésitez pas à faire une longue liste, l’important c’est de vider votre esprit des potentielles passions qui vous habitent.
Pour moi, cette liste ressemble à ça :
- sports d’endurance
- bandes dessinées et comics
- entrepreneuriat
- littérature de l’imaginaire
- développement personnel/psychologie
- histoire médiévale
- sciences
- industrie des médias/économie des créateurs
- jeux de société
Comme vous pouvez le voir, les sujets sont variés et pour la plupart, n’ont aucun rapport entre eux.
Cela importe peu.
Ce qu’il faut avant tout c’est établir la liste de vos intérêts personnels, sans filtres.
2. Choisir un intérêt
Cette étape est souvent la raison pour laquelle on reste dans l’inaction.
Lister vos passions est assez simple, mais en choisir une déclenche en nous la peur de passer à côté d’une autre opportunité (effet FOMO).
En réalité, il est bien plus simple de ne suivre qu’un intérêt plutôt que d’essayer de suivre toutes ses passions en même temps.
Si ce choix génère de la peur ou du stress, voici quelques questions qui peuvent vous aider à choisir :
- « si je pouvais recommencer ma vie, que ferais-je différemment ? »
- « si je mourais demain, quelle passion aurais-je le plus de regret de ne pas avoir essayée ? »
- « si je n’avais pas besoin de gagner d’argent, que ferais-je de mon temps libre ? »
Il n’y a pas de mauvais choix, l’important, c’est de ne pas rester figer et d’avancer.
3. S’engager pour 30 jours d’essai
Maintenant que vous avez choisi votre passion, il est temps de la tester.
Pour cela, vous allez vous engager à explorer cette passion quotidiennement pendant les 30 prochains jours.
Le but est que d’ici la fin de cette période, vous puissiez décider s’il s’agit vraiment d’une passion.
On idéalise souvent des passions sans même les avoir essayées.
J’ai par exemple été longtemps intéressé par la conception de jeux vidéos.
J’ai donc décidé de télécharger un logiciel afin d’essayer moi-même.
Après quelques jours seulement, je me suis rendu compte que je détestais ça !
Bien que mon intérêt persiste, il est maintenant facile pour moi de me rappeler que cette activité ne me convient pas.
Il est important de noter que l’élément clé durant ces 30 jours est d’établir une routine.
Vous devrez allouer au moins une heure de pleine concentration par jour à l’activité que vous avez choisie.
Je recommande de prendre cette heure le matin, si possible, dès le réveil, car c’est à ce moment que vous disposez du plus d’énergie mentale.
Si vous pensez ne pas avoir de temps libre, essayer de réduire une activité à faible valeur, comme regarder la télé en soirée.
Vous pourrez ainsi vous réveiller une heure plus tôt que d’habitude pour consacrer du temps à votre passion.
4. Persévérer ou pivoter
À la fin des 30 jours, vous aurez une bonne idée de votre réel intérêt pour l’activité choisie.
Si votre sentiment est que cela vous plait et que vous vous sentez motivé, fixez-vous un nouvel objectif (par exemple 60 jours de plus).
Au contraire, si vous réalisez après la période d’essai que cette activité ne vous convient pas (peu importe la raison), retournez à l’étape 2 et choisissez un autre intérêt que vous pratiquerez pendant 30 jours.
Cela vous permettra d’éliminer les items de votre liste jusqu’à trouver l’activité qui vous convient.
Soyez patient, trouver une passion peut parfois prendre des années.
Le temps investi dans vos intérêts, même s’ils ne deviennent pas des passions, sera quand même bénéfique au long terme.
Par exemple, j’ai toujours eu un intérêt pour le dessin.
J’ai donc décidé de pratiquer quotidiennement pendant plusieurs mois.
Au bout de cette période, j’ai réalisé que malgré un fort intérêt, le dessin n’était pour moi qu’un hobby et non une activité que je souhaite suivre professionnellement.
Malgré cela, cet essai m’a été bénéfique puisque j’ai appris de nombreuses techniques telles que la perspective, le mouvement de la lumière, l’anatomie, les proportions du corps, etc.
Plutôt que de voir cela comme un échec, je le vois comme du temps investit dans l’apprentissage d’une nouvelle compétence qui me sera utile tout au long de ma vie.
Peu importe la passion que vous choisissez, l’important est d’essayer.
Il est toujours préférable de vous confronter à l’échec plutôt que de rester dans l’inaction.
Passez à l’action et explorez vos passions.
Références:
1. Ericsson, K. Anders, Ralf T. Krampe, et Clemens Tesch-Römer. « The role of deliberate practice in the acquisition of expert performance ». Psychological Review 100 (1993): 363‑406. https://doi.org/10.1037/0033-295X.100.3.363.